Le 18 juillet 2022, après avoir annulé l’autorisation environnementale de la centrale du Larivot, le Tribunal Administratif de Cayenne a également annulé son permis de construire dans le cadre du recours porté par les associations Guyane Nature Environnement (GNE) et France Nature Environnement (FNE). Les juges ont estimé que le permis de construire de la centrale thermique était illégal car il a été délivré dans un espace naturel remarquable du littoral guyanais. Cette décision doit inviter plus que jamais à considérer les alternatives durables pour la transition énergétique de la Guyane.
L’illégalité du projet confirmée une fois de plus
Après avoir suspendu le chantier de la centrale en raison d’un doute sur la compatibilité de la localisation du projet avec la loi Littoral en juillet 2021, annulé l’autorisation environnementale de la centrale en avril 2022 à cause de la recherche insuffisante d’alternatives par rapport au terrain du Larivot, le Tribunal Administratif de la Guyane a une nouvelle fois retenu l’illégalité du projet de centrale thermique en annulant son permis de construire.
Premièrement, le juge considère au regard de plusieurs indices et contrairement aux dernières décisions de la préfecture, que la commune de Matoury est une commune soumise à la loi Littoral de 1986, une loi qui protège les espaces caractéristiques du littoral et préserve ses équilibres écologiques.
Deuxièmement, notant la biodiversité exceptionnelle présente sur le site du Larivot et sa localisation dans le prolongement d’autres zones naturelles remarquables, le juge retient que le terrain choisi pour construire la centrale est en fait un Espace Naturel Remarquable du Littoral, une catégorie d’espaces naturels que la loi Littoral rend inconstructible. Cette décision a pour effet d’arrêter le chantier une nouvelle fois, l’autorisation de reprendre ayant été délivrée le 21 juin par la Cour administrative d’appel de Bordeaux dans le cadre d’un sursis demandé par EDF-PEI. Le juge ne retient pas l’illégalité des arrêtés sur l’oléoduc (son autorisation et sa déclaration d’utilité publique) contestés par les associations, ce qui dans les faits a peu d’incidence car la construction de l’oléoduc dépend de celle de la centrale.
Pour les associations requérantes, c’est la confirmation de leurs doutes sur l’illégalité de ce projet, notamment sur l’inconstructibilité du terrain du Larivot. “Une nouvelle fois, la justice reconnaît la valeur écologique du site du Larivot: il est temps de mettre en place de réelles alternatives pour les guyanais, l’autonomie énergétique de la Guyane et le respect de l’environnement.” résume Matthieu BARTHAS, président de GNE.
Une décision qui invite plus que jamais à repenser la transition énergétique
Cette décision montre l’impasse du projet de centrale thermique au Larivot, ce qui doit inciter plus que jamais à considérer les alternatives durables existantes pour réussir la transition énergétique de la Guyane. En effet, la réglementation environnementale et l’urgence climatique imposent la mise en place d’un mix énergétique diversifié et résilient, pour atteindre l’autonomie énergétique de la Guyane prévue pour 2030, en privilégiant des surfaces déjà dégradées et artificialisées.
Guyane Nature Environnement continue son plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour réorienter la planification énergétique du territoire et construire ensemble une transition énergétique durable pour les guyanais et l’environnement.
En savoir plus
La décision et le communiqué du Tribunal administratif de la Guyane
Notre communiqué sur l’annulation de l’autorisation environnementale