Le 28 avril 2022, le Tribunal Administratif de Cayenne a annulé l’autorisation de la centrale thermique du Larivot dans le cadre du recours porté par les associations Guyane Nature Environnement (GNE) et France Nature Environnement (FNE). Les juges ont estimé que l’autorisation environnementale de la centrale thermique au fioul était illégale au regard de la réglementation qui impose la recherche de solutions alternatives. Cette décision doit inviter à réfléchir à toutes les alternatives renouvelables pour la transition énergétique de la Guyane.
L’illégalité du projet confirmée
A la sortie de l’arrêté préfectoral portant autorisation environnementale de la centrale du Larivot, les associations Guyane Nature Environnement et France Nature Environnement ont intenté un recours au fond devant le Tribunal administratif de Cayenne pour contester la légalité du projet. Afin d’éviter que la construction soit trop avancée lors de la décision du tribunal, les associations avaient également introduit un recours en référé contre cette autorisation environnementale: par une décision du 27 juillet 2021, les juges de Cayenne a considéré que les émissions de gaz à effet de serre du projet étaient non conformes aux objectifs climatiques de la France et que la localisation du projet n’était pas conforme à la loi Littoral, aboutissant ainsi à l’arrêt des travaux.
Même si le Conseil d’Etat avait annulé ce jugement le 10 février 2022, EDF-PEI n’avait pas pour autant repris le chantier. Le tribunal administratif a aujourd’hui statué au fond sur ce dossier, en étudiant la légalité de l’autorisation environnementale. C’est une décision historique pour la Guyane, dans laquelle la protection de l’environnement est réaffirmée comme une priorité. En effet, les juges ont retenu que l’alternative au terrain du Larivot, les terrain dits “Parc Avenir” à Dégrad-des-Cannes, n’avait pas été suffisamment étudiée alors qu’elle aurait été plus favorable au regard du risque inondation et des impacts environnementaux, notamment compte tenu de la nécessité de construire un oléoduc entre le port pétrolier et le site du Larivot.
Le tribunal estime aussi qu’EDF-PEI s’est rajouté des contraintes non nécessaires sur le dimensionnement de l’installation pour justifier le choix du Larivot. En conséquence, vu qu’il s’agit d’un vice non régularisable au regard de la réglementation sur les espèces protégées, les juges annulent l’autorisation environnementale du projet.
Pour les associations requérantes, c’est également une première victoire en matière énergétique pour Guyane Nature Environnement et le premier succès face à une centrale thermique EDF pour France Nature Environnement.
Une décision qui invite à une transition énergétique urgente
Cette décision invite plus que jamais à considérer toutes les alternatives existantes pour réussir la transition énergétique de la Guyane. En effet, la réglementation environnementale et l’urgence climatique imposent une prise en compte complète des alternatives disponibles pour construire un mix énergétique diversifié et résilient, pour atteindre l’autonomie énergétique de la Guyane prévue pour 2030, en privilégiant des surfaces déjà dégradées et artificialisées. De même, convertir une méga-centrale thermique aux agrocarburants n’est pas une solution pour atteindre l’autosuffisance énergétique de manière durable.
Guyane Nature Environnement participera aux discussions sur la future révision de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie de Guyane, pour porter le message de la prise en compte de l’environnement dans la planification du territoire.
En savoir plus
La décision et le communiqué du Tribunal administratif de la Guyane
Notre communiqué sur la suspension des travaux en juillet 2021