Le 10 février 2022, le Conseil d’Etat casse la décision du Tribunal administratif de Cayenne qui avait ordonné la suspension des travaux de construction de la centrale du Larivot en juillet dernier pour des motifs environnementaux. Cela peut signifier la reprise des travaux mais c’est loin d’être la fin de la bataille juridique sur le dossier. Décryptage et réactions de Guyane nature environnement.
Ce que le juge a dit et ce que ça change
Le Conseil d’Etat était amené à se prononcer sur la décision de référé prononcée par le juge de Cayenne le 27 juillet, qui avait mené à la suspension des travaux. Ce dernier avait retenu l’incompatibilité du projet avec la nécessité de réduction des émissions de gaz à effet de serre et avec la loi Littoral, pour faire naître un doute sérieux sur la légalité du projet et ordonner la suspension du chantier : ce sont sur ces deux moyens que les juges de Paris ont été amenés à se prononcer. Ces derniers ont considéré que la Loi Littoral n’était pas applicable au litige et que la question des émissions de gaz à effet de serre ne pouvait pas se poser non plus sur une autorisation environnementale.
La conséquence de cette décision pourrait être la reprise des travaux sur le site du Larivot, à une période peu propice au vu de l’intensité de la saison des pluies ces derniers temps, sur un chantier qui a déjà été dégradé par les précipitations de l’année dernière. La préfecture avait d’ailleurs demandé le 3 novembre à EDF-PEI de mettre en sécurité le chantier de la centrale, dont les remblais commençaient à être lessivés par les pluies.
La bataille juridique est loin d’être perdue
“C’est une décision de justice en défaveur de la protection de l’environnement guyanais mais que l’on accepte, ça fait partie des risques quand on se présente à un juge, on ne peut jamais prévoir à 100% ce qu’un tribunal va dire. On reste mobilisés car la bataille pour l’autonomie énergétique guyanaise est loin d’être finie, on ne lâche rien!” résume Matthieu Barthas, Vice-Président de Guyane Nature Environnement.
Effectivement, le Conseil d’Etat ne s’est prononcé que sur une partie des arguments que les associations ont soulevé devant le juge: de nombreux moyens soulevés sur le risque inondation, la prise en compte du littoral ou les problématiques propres à l’oléoduc restent à être tranchés lors de l’audience au fond qui devrait avoir lieu avant l’été. L’enjeu ne portera alors plus sur la suspension des travaux, qui est temporaire, mais bien sur l’illégalité du projet entier, qui sera une décision définitive.