C’est une excellente nouvelle pour l’environnement et l’exceptionnelle richesse de la biodiversité de la forêt guyanaise. Ce jeudi 30 septembre, le tribunal administratif de Cayenne a rendu sa décision sur l’usine d’extraction d’or par cyanuration d’Auplata à Saint-Élie, dans le cadre du recours porté par les associations Guyane Nature Environnement (GNE) et France Nature Environnement (FNE). Le juge considère que l’autorisation de cette usine est caduque car cette dernière n’a pas été mise en service dans le temps imparti. Ce retard s’explique principalement par des non-conformités des installations, cette société ayant déjà été rappelée à l’ordre par le passé pour des faits similaires. Cette usine de traitement industriel de l’or au cyanure, une substance hautement toxique, doit donc arrêter son activité.
La légèreté de la société sanctionnée par la justice
La société Auplata a été mise en demeure à plusieurs reprises par les services de l’Etat pour de nombreuses irrégularités sur ses installations d’orpaillage. Malgré la constatation d’une exploitation illégale et de graves non-conformités aux normes environnementales et de sûreté en 2007, la société avait obtenu en 2015 l’autorisation d’exploiter une unité de traitement de l’or par cyanuration, et la régularisation de son installation gravimétrique, qui consiste à séparer les minerais en fonction de leur densité.
Peu avant le début de la phase de test de l’unité de cyanuration en 2018, les services de l’Etat constataient à nouveau des « divergences et incohérences par rapport au dossier de demande d’autorisation d’exploiter », comme le souligne le juge. La mise en service de cette unité était donc reportée, le temps qu’Auplata fournisse aux services de l’Etat les expertises demandées pour régulariser les changements effectués sans autorisation, comme par exemple une augmentation des quantités de cyanure stockées. Le préfet indiquait cependant en juin 2019 à Auplata “qu’il ne pouvait autoriser Auplata à « démarrer les installations, même dans le cadre d’essais à chaud »” à cause des insuffisances du dossier. L’unité de cyanuration n’avait donc pas pu être mise en service avant mars 2020, bien au-delà des trois ans impartis à partir de 2015. Les retards pris par la société à cause de son non-respect de la réglementation ont ainsi été dénoncés par nos associations et sanctionnés par la justice. L’activité de l’industriel doit désormais cesser.
Un signal fort contre la mine industrielle en Guyane
Le traitement par cyanuration, qui permet de produire de l’or à l’échelle industrielle, est un procédé très dangereux pour l’environnement et la vie aux alentours de l’usine en cas d’accident, le cyanure tuant instantanément par asphyxie. L’usine d’Auplata est située au coeur de la forêt, en amont de la Réserve naturelle de la Trinité, un écosystème particulièrement remarquable et sensible en termes de biodiversité. “La gestion peu scrupuleuse du site et son autorisation par les services de l’Etat auraient pu être à l’origine d’une catastrophe industrielle désastreuse, en plus des dommages déjà causés par l’exploitation aurifère qui détruit la forêt et les cours d’eau. On a déjà eu un aperçu de ce type de désastre, avec la trentaine d’accidents aux résidus cyanurés qui ont eu lieu ces 25 dernières années dans le monde, y compris chez notre voisin brésilien.” insiste Rémi Girault, président de Guyane nature environnement.
Pour Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement, ”C’est une très bonne décision de justice qui dit clairement stop à une gestion hors des clous de projet dangereux. L’étape suivante, pour la protection de la forêt et de l’environnement en Guyane, c’est la réforme du Code Minier attendue depuis très longtemps, qui doit enfin interdire la cyanuration et les mines industrielles en Guyane”. Cette décision forte doit appeler à l’abandon des autres projets nuisibles de mines industrielles comme celui de Montagne d’or, désormais renommé Orea Mining, qui a annoncé son retour en Guyane la veille de l’ouverture du Congrès mondial de la nature le 1er septembre dernier. C’est aussi l’illustration du travail des associations environnementales, qui s’engagent tous les jours pour le respect du droit de l’environnement, pour assurer la protection des milieux naturels, de la santé des populations et un monde vivable pour tous et pour les générations futures.
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Notre communiqué de lancement de notre action en justice le 7 septembre 2020