Plutôt qu’un débat publique, la CNDP (Commission Nationale du Débat Publique) a choisi pour ce dossier de réaliser une concertation publique, parce que l’on a considéré que les discussions autour de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) étaient récentes (janvier 2017) et que ces enjeux étaient donc bien connus et maîtrisés par la population guyanaise.
On constate que la concertation publique est effectivement une version (très) dégradée du débat public.
Plus d’une semaine après le début de la concertation publique sur le projet de construction d’une centrale de production hybride en Guyane (ex-projet Prométhée), le dossier descriptif du projet détaillé n’est toujours pas disponible sur le site de la CNDP, aucune réunion publique n’est prévue et la publicité autour de ce moment d’échanges démocratique est plus que discrète.
Bref, il n’est pas nécessaire d’informer davantage la population guyanaise sur un dossier qui la concerne pourtant dans son quotdien.
De quoi s’agit-il ?
Un nouveau site à risque industriel classé SEVESO sur l’île de Cayenne.
Une centrale électrique au fioul dans une mangrove, malgré le sol instable, la zone inondable et l’intérêt des zones humides pour la biodiversité et les services écosystémiques dans la régulation des inondations et l’épuration des eaux polluées (on se rappelle des fuites de la précédente centrale à Dégrad des Cannes).
Des champs photovoltaïques d’une surface indéterminée dans un marais (alors que les surfaces artificialisées pouvant les accueillir ne manquent pas dans la zone commerciale Collery voisine).
Un oléoduc traversant l’île de Cayenne présentant des risques non moins inconnus.
La dégradation d’un paysage naturel guyanais, parmi les plus vus quotidiennement aux portes de Cayenne.
Dans cette concertation, on peut encore discuter de la couleur des peintures ou de la taille des cheminées, mais il est exclu de discuter l’emplacement du projet. Fixé par des élus, il ne peut plus être modifié, à moins d’annuler totalement le projet. Peut-on se demander si d’autres sites auraient été disponibles ? Pourquoi ne peut-on pas rester autour de Dégrad des Cannes à proximité de l’ancienne centrale ? Le site de la décharge des Maringouins, déjà bien impacté au niveau environnemental et paysager, aurait-il pu convenir ?