Alors que le projet de centrale thermique du Larivot a reçu un avis défavorable de la commission d’enquête publique en juillet dernier, l’Etat s’apprête à donner les autorisations pour un projet surdimensionné au fioul prévu dans une zone inondable. Dans un contexte de changement climatique, l’Etat choisit d’investir près de 500 millions d’euros dans le thermique mettant à mal tout espoir d’atteindre ces prochaines années l’autonomie énergétique du territoire par le développement des énergies renouvelables. Pourtant, une alternative est possible.
Construite à proximité de Cayenne, la future centrale du Larivot nécessitera le défrichement de plusieurs hectares de mangroves et de forêts marécageuses et sera exposée au risque de submersion marine. Associé à une centrale solaire sans stockage, le projet impose également la construction d’un oléoduc de 14 km traversant trois communes en zone urbanisée et à proximité immédiate de zones humides. Malgré les risques induits du projet et le fort impact carbone que va engendrer la construction d’une telle centrale, l’État est sur le point de donner toutes les autorisations nécessaires à cette production thermique pour un démarrage des travaux au mois d’octobre.
Pourtant, la Loi sur la Transition Énergétique prévoit d’atteindre l’autonomie énergétique de la Guyane dès 2030 en misant sur le développement des énergies renouvelables. Cet objectif est d’autant plus important qu’une alternative plus respectueuse de l’environnement et moins coûteuse sur le long terme est possible, tout en répondant au besoin de développement économique du territoire.
Cette alternative se base principalement sur le déploiement de projets en énergies renouvelables déjà identifiés par des organismes comme l’ADEME, l’Agence Française de Développement ou encore le Syndicat des Énergies Renouvelables. En plus de créer des emplois sur la durée, le coût moyen de ces énergies renouvelables reste toujours plus compétitif que celui des productions fossiles. C’est d’autant plus vrai que complétée par des packs batteries pour la stocker, la production serait garantie. Par ailleurs, en améliorant la gestion de la retenue du barrage hydroélectrique de Petit-Saut, la production d’hydroélectricité pourrait être mieux valorisée.
Enfin, une transition par le thermique reste nécessaire mais possible en évitant la construction d’une nouvelle centrale, notamment par la mise en place de groupes fuel conteneurisés sur les sites déjà exploités par EDF. Sur la base du coût d’1 million d’euros par mégawatt pour ces groupes en comparaison des 500 millions d’euros pour 120 MW pour la centrale du Larivot, cette solution qui permet de maintenir des emplois reste moins coûteuse et flexible dans le temps, permettant une diminution progressive en fonction de l’avancée des projets en énergie renouvelable.
Pour Rémi GIRAULT, Président de Guyane Nature Environnement, « Un scénario tangible de production d’électricité 100% renouvelable produite localement en Guyane moyennant des ajustements techniques est possible, tout en permettant de répondre au besoin croissant en énergie d’une population grandissante. A l’inverse, le choix d’un schéma fossile conventionnel conditionné aux importations éloigne un peu plus l’espoir pour la Guyane d’accéder à une autonomie énergétique à moindre coût ». Les associations maintiennent l’idée qu’une alternative au fuel est possible et demandent que soit menée et rendue publique dans les plus brefs délais une expertise indépendante sur ces enjeux.