Le 8 et 9 juin prochain, la flamme olympique sera en Guyane pour sa 28ème étape : 24h durant lesquelles la Guyane sera au centre de cet évènement exceptionnel. Ce passage express dans la région est l’occasion de mettre en avant le territoire, son histoire, ainsi que ses enjeux environnementaux et sociaux particulièrement importants. L’association Guyane Nature Environnement fait le point.
L’enjeu de la gestion des déchets, illustré sur la commune de Camopi
Le passage de la flamme olympique débute à l’Est, sur la commune de Camopi. A la frontière entre la Guyane et le Brésil, les enjeux sur cette commune sont forts, notamment sur la question des déchets.
Accessible uniquement par pirogue et avion, l’évacuation des déchets y est particulièrement coûteuse et nécessite une réflexion globale et une coopération transfrontalière. Les éco-carbets installés comme solution de proximité pour le stockage de déchets non dangereux atteignent leur limite et ont même été à ce jour “abandonnés par la Communauté de Communes de l’Est Guyanais” (voir l’interview sur Guyane 1ère). De nouvelles solutions doivent rapidement être proposées par la CCEG.
décharge de Camopi – avril 2024
Lors d’une mission sur le terrain, l’association Guyane Nature Environnement a pu constater l’état de la décharge actuelle : sa proximité avec le bourg de Camopi et son ruissellement vers les eaux du fleuve sont de lourds facteurs de pollution et de gêne pour les habitants. Face à cette situation de carence, les dépôts sauvages sont nombreux, aussi bien du côté français que brésilien de cette frontière poreuse. Le tri est mis en avant comme une solution pour désengorger la décharge, cependant, il nécessite une sensibilisation et une présence quotidienne sur le terrain.
Carbet poubelles – Camopi – avril 2024
Les berges du Maroni et la pollution au mercure
La flamme se déplace ensuite à l’ouest sur les berges du Maroni, un fleuve soumis à de nombreuses pressions. Des échantillons de cheveux prélevés en février 2024 auprès des habitants de plusieurs villages du Haut Maroni mettent en avant des taux d’imprégnation mercurielle 5 fois plus élevés que les recommandations de l’European Food Safety Authority. Les échantillons ont des concentrations en mercure qui sont 10 fois plus élevées dans les cheveux des habitants du Haut-Maroni que des habitants du Littoral (source : article Médiapart).
Le mercure provient de l’activité d’orpaillage sur le territoire. Qu’elle soit légale ou illégale, cette activité extractive entraîne de nombreux impacts environnementaux, incluant un taux de mercure important dans l’eau.
C’est un enjeu de taille pour la Guyane qui nécessite une réponse répressive, une coopération transfrontalière ainsi que des solutions concrètes pour une extraction vertueuse par les opérateurs légaux afin de limiter les impacts sur le sol et les eaux de Guyane.
Carte des zones affectées par l’orpaillage illégal en Guyane – François-Michel Le Tourneau
Les savanes du littoral en Guyane
Enfin, la flamme olympique passe par plusieurs communes du littoral, qui concentrent de nombreux enjeux d’aménagement, impactant notamment les savanes qui représentent 0,3% du territoire. Les savanes de Guyane se composent d’une faune et d’une flore diversifiées, sensibles et extrêmement menacées. En effet, parmi les espèces des savanes, 81 % des oiseaux, 80 % des reptiles et 100 % des amphibiens figurent sur la Liste rouge des espèces menacées de Guyane (source GEPOG).
Ces espaces à enjeux sont soumis à de nombreuses pressions, notamment celles des espèces exotiques envahissantes et de l’aménagement. L’ensemble des opérateurs sont appelés à prendre en compte ces espaces sensibles dans la mise en place des aménagements, afin de proposer des projets qui prennent en compte ces enjeux et qui les évitent, les réduisent et les compensent au mieux.
Ainsi, nous appelons l’ensemble des acteurs publics à profiter de cet événement pour rappeler les enjeux environnementaux spécifiques au territoire. GNE appelle également les organisateurs du passage de la Flamme à être particulièrement attentifs au rapatriement de tous les déchets générés par un tel événement, en particulier sur la commune de Camopi.
Pour en savoir plus :
– La question des déchets en Guyane : le rapport du Sénat, décembre 2022
– La veille environnementale sur le territoire avec la cartographie Sentinelles de la Nature
– Le communiqué de presse sur 18 avril 2024 et article Médiapart, mesures sur le Maroni
– Les savanes en Guyane, GEPOG
– Hugo Clément : aux JO, le plastique à usage unique recule mais ne disparaît pas, 05 juin 2024