Jusqu’au 21 mars 2022, une consultation publique est ouverte pour recueillir l’avis des citoyens sur la modification de la limite transversale de la mer de la commune de Matoury, qui détermine l’application de la Loi Littoral. Or l’application de la Loi Littoral est un point bloquant la construction de la centrale du Larivot: faire sortir la commune de Matoury de la liste des communes littorales aurait pour effet de légitimer ce projet et faire échec à l’un des recours portés par les associations environnementales. Guyane Nature Environnement s’oppose à l’utilisation de cette consultation à ces fins, d’autant que cette question est posée pour une troisième fois malgré les avis défavorables de deux commissions d’enquête.
Un moyen détourné de permettre l’installation de la centrale du Larivot?
La limite transversale de la mer actuelle fait de Matoury une commune du littoral, par sa proximité avec l’océan, à travers les estuaires du Mahury et de la rivière de Cayenne, et par les dynamiques physiques qu’on y observe. La commune de Matoury est ainsi soumise à la Loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, dite Loi Littoral du 3 janvier 1986.
Selon la Loi Littoral, les constructions dans les espaces proches du rivage ne peuvent être réalisées que dans des zones occupées par de l’urbanisation diffuse, ce qui n’est pas le cas de la zone du Larivot comme l’a retenu le tribunal administratif de Cayenne en juillet dernier. L’installation de la nouvelle centrale thermique d’EDF-PEI au lieu-dit du Larivot, se heurte donc à l’application de la Loi Littoral.
Cependant, cette conséquence centrale induite par la modification de la limite transversale de la mer n’est pas explicitée dans le rapport d’instruction, alors qu’elle aurait dû y figurer pour une bonne information des citoyens, selon la commission d’enquête qui s’était penchée sur le sujet en 2019.
Une troisième tentative malgré les avis défavorables exprimés
En effet, cette question a déjà été posée à deux reprises dans le cadre d’enquêtes publiques, en 2019 et en 2020 et la commission d’enquête avait donné deux avis défavorables, ce qui est exceptionnel. Il s’agit donc de la troisième fois que la question est posée, cette fois-ci sous la forme d’une consultation électronique, un mode de participation allégé qui ne requiert pas la désignation d’un commissaire enquêteur, dont la fonction est d’informer largement les citoyens, de répondre à leurs questions et de recueillir leur avis afin de proposer un avis éclairé sur la question.
Guyane Nature Environnement est donc fermement opposée à cette consultation, tant sur sa forme allégée que sur son fond non explicité.