Alors que la majorité des enquêtes publiques ont été suspendues pour cause de confinement, la Préfecture de Guyane vient de décider le maintien de l’enquête publique de la Centrale thermique du Larivot du 20 avril au 20 mai de manière dématérialisée uniquement. La participation du public est un droit constitutionnel qui ne peut être exercé en période de confinement. La fédération Guyane Nature Environnement demande le report de cette enquête.
La ministre de la Transition écologique annonçait le 27 mars la suspension des enquêtes publiques en cours et le report de celle à venir durant la période de confinement. Cependant, une ordonnance du 25 mars relative à l’adaptation des procédures administratives pendant la période d’urgence sanitaire autorise la poursuite des enquêtes pour certains projets. Pour cela, trois conditions doivent être remplies : l’intérêt national, le caractère d’urgence et le fait que le retard lié à l’interruption de l’enquête est « susceptible d’entraîner des conséquences difficilement réparables ».
C’est en vertu de cette ordonnance que la Préfecture de Guyane a autorisé la mise en place de l’enquête publique sur la centrale thermique du Larivot de EDF du 20 avril au 20 mai en version dématérialisée uniquement, pour une période plus courte que prévue initialement.
Pourtant, une enquête publique doit pouvoir permettre aux citoyens de rencontrer un commissaire enquêteur ou de participer à des réunions publiques sur le projet afin de bien s’informer sur des dossiers ayant une incidence forte sur l’environnement. Une seule consultation électronique conduit à accroître l’iniquité des citoyens face à la fracture numérique.
Rappelons que ce projet vise à remplacer la centrale de Dégrad-des-Cannes par une centrale thermique au fioul de 120MW et 10MW de solaire installés à l’entrée de Cayenne, sur 20 ha de forêt marécageuse et de mangroves, ainsi qu’un oléoduc de 14km traversant l’Île de Cayenne. Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) a par ailleurs rendu un avis défavorable et l’Autorité environnementale a relevé pas moins d’une trentaine d’insuffisances sur cette installation (1), ce qui montre le nombre d’interrogations que peut susciter un tel projet.
« Ce dossier est bien trop important pour que les guyanais soient consultés de la sorte, d’autant que nous aurions dû avoir un débat public sur cette centrale thermique au regard de son envergure. En quoi ce projet souvent remis en question est-il soudainement urgent ? En quoi est-il d’intérêt national alors qu’il va à l’encontre de l’Accord de Paris sur le climat ? En quoi son retardement est-il susceptible d’entraîner des conséquences irréparables alors que les alternatives possibles n’ont jamais réellement été discutées ? » s’indigne Rémi GIRAULT, Président de Guyane Nature Environnement.
Par le maintien de cette enquête, les citoyens seraient privés d’un exercice démocratique sur un dossier majeur pour le climat. La fédération Guyane Nature Environnement demande un report de cette enquête publique considérant que la commission d’enquête n’est pas à même de mener cette consultation dans le respect des exigences constitutionnelles.