Le 5 juillet 2023, le chantier de la centrale du Larivot reprend après son interruption pendant près de 2 ans de procédures contentieuses entre les associations de protection de l’environnement, l’Etat, EDF-PEI et la Collectivité territoriale de Guyane. Si l’énergéticien majoritaire de Guyane promeut une centrale durable, la réalité est loin d’être aussi verte.
Un carburant importé, cher et pas durable
Luc Rémont, PDG d’EDF, a déclaré mardi que la centrale du Larivot serait “totalement décarbonée” et approvisionnée depuis l’Hexagone en carburant de colza raffiné en France. L’origine exacte de la matière première demeure inconnue alors que l’approvisionnement de la centrale du Larivot et des autres centrales EDF des outre-mer en passe de conversion représente un volume considérable pour les marchés français et européen, de l’ordre de 770 000 tonnes par an. Rapportés aux seuls 2 millions de tonnes de biodiesel produits chaque année en France, les centrales EDF des outre-mer mobiliseraient près de 40% de la production nationale, un chiffre aberrant et qui encourage les importations, alors que les matières premières importées représentent déjà les deux tiers de la consommation nationale de biodiesel.
Le Ministère de la transition écologique rappelle qu’il s’agit d’une ressource en tension au niveau mondial, qu’elle est à utiliser dans les secteurs les plus difficiles à décarboner comme les transports (et non l’électricité) et qu’elle coûte cher. Le consensus scientifique reconnaît que les agrocarburants ont un impact négatif sur la biodiversité et les associations Oxfam et Transport & Environment calculent même un impact climatique pire pour les agrocarburants que pour les carburants fossiles (agriculture intensive, raffinage et transport consommant eux-même quantité d’hydrocarbures). Avec de telles quantités, la production de ces agrocarburants peut entrer en compétition avec des usages alimentaires des terres agricoles. Si la centrale du Larivot était approvisionnée en Guyane, il faudrait déforester une à plusieurs dizaines de fois la surface du lac de Petit-Saut pour produire un carburant à base de cacao ou de cupuaçu comme proposé par EDF, au détriment de la biodiversité et des objectifs de souveraineté alimentaire pour la Guyane.
Un contentieux terminé mais une action toujours en cours pour la transition énergétique
La décision de reprendre le chantier fait suite aux décisions de la Cour administrative d’appel de Bordeaux, qui rejette les recours des associations FNE et GNE. Les associations prennent acte des décisions de la juridiction. L’action de GNE pour une transition énergétique durable du territoire pour tous les guyanais, elle, continue. “La programmation pluriannuelle de l’énergie est actuellement en révision: c’est l’occasion de prendre la meilleure trajectoire pour la transition et l’autonomie énergétique de la Guyane, qui répondra véritablement aux problématiques et aux besoins du territoire!” résume Matthieu Barthas, Président de Guyane Nature Environnement.